L'irrigation comme assurance récolte pour le foin

3 juillet 2019


La saison chaude s’installe et, si elle est à l’image des étés 2017 et 2018, elle apportera son lot de périodes de sécheresse qui causeront bien des maux de tête aux entreprises du Québec qui produisent des plantes fourragères. Dans ce contexte, l’irrigation serait-elle la meilleure alliée de ces producteurs ?

 

par Carl Boivin, chercheur

Le manque de pluie peut affecter négativement le rendement et la qualité des récoltes et occasionner des impacts financiers considérables, car la rareté du foin fait monter les prix en flèche. Pour le foin et les pâturages, la Financière agricole du Québec a justement enregistré des indemnités records de près de 60 M$ pour le programme d’assurance récolte à l’été 2018. Ce fut la production agricole la plus touchée avec 60 % des réclamations,et ce, toutes productions confondues.

Largement utilisée pour des cultures telles que la pomme de terre et la fraise, l’irrigation apparaît maintenant comme une solution potentiellement rentable afin de pallier les précipitations insuffisantes pour des cultures fourragères. L’irrigation agirait telle une « assurance-récolte » pour le producteur en lui assurant un approvisionnement en fourrages de qualité et en quantité pour l’alimentation du bétail.

Un plus grand coup à encaisser pour les producteurs biologiques

En régie biologique, les producteurs laitiers et de bovins de boucherie sont d’autant plus concernés, car ils doivent faire paître leurs animaux à l’extérieur et ils ont généralement moins d’alternatives pour alimenter leurs troupeaux en cas de pénurie de foin.

Différents systèmes d’irrigation sont disponibles sur le marché et l’IRDA a acquis une solide expérience dans leur fonctionnement au fil de projets, notamment en contextes de production commerciale de pommes de terre, de fraises, de bleuets et de camerises.

Ces projets ont permis de développer des outils d’aide à la décision pour la gestion de l’irrigation afin de rendre la pratique plus efficace et plus accessible.

Irriguer, mais à quel coût ?

Malgré tout, on ne pourrait affirmer que l’irrigation des plantes fourragères s’avère une option pertinente et rentable pour tous. Si les équipements pour l’irrigation représentent une proportion importante du coût de production, surtout lors des saisons où les précipitations sont déjà suffisantes, une option envisageable serait de réunir des producteurs au sein d’une coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) afin de diminuer les coûts.

Puisque de plus en plus de producteurs se questionnent sur la rentabilité de l’irrigation des plantes fourragères, l’IRDA s’intéresse aux contextes dans lesquels elle serait profitable afin d’accompagner les producteurs dans la recherche de solutions durables. Des essais sont d’ailleurs en cours à Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans sur une ferme laitière. Les données recueillies permettront d’accroître les connaissances sur le besoin en eau de cette production et l’impact agronomique et économique de l’irrigation. Ces essais établiront les bases d’une gestion raisonnée de l’irrigation pour les plantes fourragères et pourraient profiter à bien d’autres producteurs aux quatre coins du Québec.

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